Le polissoir de Hollange
Il s’agit d’une grande dalle de plus ou moins 1.50m de large sur 1.15m de haut. Cinq cuvettes et quatre rainures sont visibles à la surface de la partie supérieure gauche. La pierre est essentiellement composée de quartz; elle ne provient donc vraisemblablement pas de Hollange mais d’une région riche de ce genre de roche (Vielsalm par exemple).
Les premières traces d’occupation humaine dans notre commune
Quand nous regardons autour de nous, l’impact de l’homme sur son environnement est partout. Que ce soit nos routes, nos maisons, nos champs, nos forêts, tout porte la trace de notre présence.
Il nous est difficile d’imaginer la terre sans êtres humains!
Pourtant, la planète a vécu sans nous la plus grande partie de son histoire c’est-à-dire 5 milliards d’années!
Selon les dernières études génétiques, les premiers hominidés se seraient installés en Europe il y a 600.000 ans.
L’homme moderne ne serait apparu dans nos contrées qu’il n’y a que 40.000 ans.
Il n’y a pas de traces de peuplement aussi ancien dans notre commune; du moins, pas à notre connaissance.
En revanche, dans le porche de l’église de Hollange, nous pouvons admirer ce qui est sans doute le plus vieil objet d’origine humaine de notre commune: un polissoir datant du néolithique.
Le néolithique est la période qui voit les humains cesser de vivre en nomade, les voit s’installer dans des villages, les voit pratiquer l’élevage et l’agriculture.
Les polissoirs étaient des pierres sur lesquelles les outils étaient polis, aiguisés, lissés en fonction de leur utilité. Elles portent donc de longues entailles causées par le frottement des outils contre le bloc de pierre.
Les premières populations néolithiques à s’être installées dans nos contrées sont liées aux peuplades rubanées, appelées ainsi car leurs poteries étaient décorées de motifs en rubans.
Elles sont entrées en Europe en remontant le Danube et ont vécu entre 5600 et 5000 avant J-C. Mais le polissoir néolithique d’Hollange pourrait être plus récent; ces pierres ayant servis jusqu’à des périodes plus rapprochées (2000 avant J-C).
Cette pierre servit longtemps de dalle de pavement à l’intérieur de l’ancienne église du 17ème siècle. La surface étant tournée vers le haut, les rainures étaient bien visibles.
Souvent, les objets anciens portant des traces humaines sont considérés comme sacrés par les populations qui les redécouvrent.
C’est ainsi que sans bien en comprendre la signification, les habitants de nos villages, découvrant ce polissoir en ont compris son importance et sa valeur et lui ont parfois imaginé des origines fantastiques.
Comme ces rainures étaient vues comme les « griffes du diable », cette pierre a dû paraître bien suspecte aux yeux du curé qui la fît enlever et placer à l’extérieur en guise de seuil.
Car n’entre pas qui veut dans une église! Et dans les croyances anciennes, les êtres impurs et diaboliques comme les sorciers étaient incapables d’en franchir le seuil, d’approcher de l’eau bénite ou de fouler la terre du cimetière.
D’ailleurs, le mot « parvis« insiste sur le caractère sacré de l’église puisqu’il vient du mot latin « paradisus », le paradis.
La légende a perduré jusqu’à nos jours malgré le déplacement de la pierre!
Et ce n’était pas la seule histoire à l’entourer…
Certains villageois ont rattachés le polissoir aux Nutons.
Ces lutins de nos forêts sont assez systématiquement identifiés aux lieux et objets anciens.
Une autre légende, déjà plus proche de l’utilisation originelle du polissoir, imaginait des moines venant aiguiser leurs couteaux sur la pierre de Hollange.
Lors de la construction de l’église actuelle, le polissoir fut fort heureusement récupéré et mis à l’abri à l’intérieur du nouvel édifice; d’abord, à la sacristie et ensuite, dans le porche.
Pour le CHAHS, Roger Kauffmann, Hans Welens et Nicolas Stilmant